Par Hugues Goosse
Notre mission touche à sa fin, même si le trajet de retour peut encore être long. Après le billet consacré à la fin de la collecte des données et le retour à la station Princesse Elisabeth, celui-ci porte sur ce qui nous a manqué le plus durant ces sept semaines.
Le premier point est sans conteste notre famille et nos proches. Nous connaissions tous avant de partir les conditions et la durée du voyage. Je pense qu’aucun d’entre nous n’a vraiment été malheureux à cause de la séparation mais il suffisait de voir le visage rayonnant de ceux qui venaient de recevoir un mail ou de téléphoner à la famille pour savoir au combien ils nous manquaient.
Un deuxième élément est la nourriture. Même si nous avons mangés de très bon plats surgelés, nous rêvons tous de produits frais, de certains fruits, de crudités, de viande ou de poisson grillés. Chacun a aussi sont petit plaisir personnel qu’il ou elle retrouvera avec joie au retour, que ce soit des frites, un pain au chocolat, des chips ou son yogourt préféré.
Nous serons tous contents de revenir à des vêtements plus variés et plus légers, sans être obligés de porter les différentes couches qui nous protègent du froid. Nous retrouverons aussi avec joie nos activités, que ce soit sportives, culturelles et peut-être le travail et les collègues?
Nous nous sommes aussi mieux rendus compte comment une connexion internet pouvait faciliter la vie, pour vérifier une information, obtenir le manuel d’un appareil ou l’aide d’un logiciel, pour trouver sur les forum les solutions à un problème technique.
Certains d’entre nous ont aussi mentionné les odeurs qui leurs ont manqués. L’environnement ici est totalement englacé et il n’y a pratiquement pas d’activités humaines. Le paysage olfactif est donc fort limité : vous n’avez pas l’odeur de la forêt, des fleurs, du pain frais quand vous allez à la boulangerie ou celle qui vous met en appétit quand vous passez devant une friterie.
Il reste quand même des odeurs fortes, comme celle de l’essence pour les motoneiges ou de l’ESTISOL, le liquide utilisé pour le forage, et bien sûr le Jet-A1, le carburant à tout faire ici qui ne gèle pas même dans les conditions les plus extrêmes !
Je serai aussi ravi de revoir certaines couleurs comme le vert. En Antarctique, le blanc (pour la neige et les nuages) et le bleu (pour le ciel et l’eau) se partagent presque exclusivement le paysage. Le soir, le ciel se couvre parfois de rose et de rouge et les montagnes apportent des touches brunes ou noires. La vision peut être somptueuse mais revoir une forêt de sapins ou même simplement des prairies paraîtra presque qu’exotique pour quelques jours au retour.
Cela peut paraître plus surprenant, mais je serais finalement content de retrouver une certaine forme de liberté. Conduire une motoneige vers des endroits vierges de toute présence humaine, avec comme seule contrainte le tracé donné par le GPS, peut paraître comme un symbole absolu de liberté.
On ne peut nier totalement cet aspect mais notre travail n’avait rien en commun avec la démarche des explorateurs.
L’organisation de la journée et les déplacements sont très fortement conditionnés par la logistique et la vie de groupe.
Au camp, chaque déplacement devait être annoncé à l’avance et était conditionné à la météo. Notre guide nous accompagnait dès que nous nous éloignons de plus de quelques kilomètres ou nous devions donner régulièrement des nouvelles par radio ou téléphone satellite pour vérifier que tout allait bien.
Pouvoir décider simplement ce qu’on va faire et où on va aller dans la prochaine heure, sans autre discussion et dans une certaine insouciance, aura donc aussi une saveur particulière.
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