Par Jean-Louis Tison

Notre blog précédent vous a décrit comment l’efficacité logistique et l’expertise polaire de l’International Polar Foundation permettent la réalisation de projets antarctiques, comme Mass2Ant.

Vous aurez compris que la recherche polaire est logistiquement contraignante, dans une région très éloignée du globe. Elle demande aussi du matériel scientifique de pointe sur le terrain et dans les laboratoires d ’analyse, et, bien sûr, les forces vives des chercheurs et techniciens impliqués.

Ici, comme ailleurs, le financement reste le nerf de la guerre !….La Belgique ne possède pas d’Institut Polaire aux fonds propres, comme d’autres pays européens (France, Allemagne, Italie..), et les chercheurs belges doivent donc faire appel à d’autres sources de financement.

Forte de sa présence historique en Antarctique (depuis les expéditions des de Gerlache au tournant du XIXème siècle), la Belgique a toujours maintenu depuis lors une place de choix dans la recherche antarctique et polaire, de manière plus générale.

Une étape décisive à cet égard aura été la relance de la recherche antarctique belge dans les années ’80, sous l’égide de la Politique Scientifique Belge (BELSPO) . Dans le cadre des projets de recherche pour un développement durable en Belgique, un programme dédicacé à l’Antarctique a été mis en place, géré par une cellule administrative spécifique, chargée de sélectionner les projets de recherche sur base d’expertises internationales et de faire le lien avec l’IPF.

Ces fidèles « acteurs de l’ombre » ont maintenu la pression au fil de nos nombreux gouvernements successifs pour rappeler à nos politiciens l’importance de la recherche polaire pour notre compréhension des changements du climat et de l’environnement global. Ils sont d’ailleurs probablement les plus à même de témoigner, et les meilleurs garants, de la reconnaissance internationale de la qualité de la recherche antarctique belge !…

BELSPO a été aujourd’hui trucidé par la volonté affichée de notre dernière coalition gouvernementale de mettre fin à toute activité de recherche fédérale belge, privant ainsi les équipes de scientifiques polaires belges de plus de 50% de leurs budgets de recherche, pourtant dérisoires en comparaison des investissements consentis dans d’autres secteurs !… Ne s’agit-il pas pourtant là, après tout, de l’état de santé de notre Planète toute entière ?…

Nous pouvons être fiers de notre base Princesse Elisabeth, toujours supportée aujourd’hui par notre monde politique, mais ne risque-t-elle pas de rapidement devenir une « coquille vide » si la Belgique retire son support aux chercheurs polaires belges ?…

Même aussi loin dans les terres que dans la région proche de la station Princesse Elisabeth, la glace peut fondre à certains endroits. Photo Nander Wever.