Par Hugues Goosse
Le début du voyage vers l’Antarctique a été relativement standard : arrivée à l’aéroport tôt le matin, queue au contrôle de sécurité, passage de la frontière, arrivée à la porte d’embarquement. L’annonce de notre vol était quand même un peu exotique et le Boeing 757 bien plus confortable que les vols que nous prenons habituellement !
Les choses ont commencé à changer drastiquement environ une heure avant l’arrivée à la base de Novo. Nous avons quitté le Cap en vêtements normaux, adaptés à l’été en Afrique du Sud. Cependant, après un contrôle de sécurité spécifique, nos vêtements polaires nous attendaient sur le tarmac afin que nous puissions les emmener avec nous dans l’avion.
Après un signal de l’équipage, le système de chauffage a été coupé et l’avion est devenu un grand vestiaire dans lequel tout le monde a revêtu ses vêtements polaires en prévision de l’atterrissage. Les vues depuis l’avion sont aussi devenues époustouflantes.
Le vol au-dessus de la banquise, la plateforme de glace flottante, les icebergs dérivant sur l’océan et l’arrivée à la côte nous ont offert un des plus impressionnant paysages que j’ai eu l’occasion de voir.

Vue depuis l’avion de plaques de glace de mer (c’est-à-dire de la banquise fracturée) avec le continent à l’arrière-plan, avant l’atterrissage à Novo. Image de Nander Wever.
L’Antarctique a de nombreuses merveilles à offrir mais la logistique peut être un cauchemar. Nous avions été informé au Cap que malgré les bonnes conditions météos à Novo, nous ne pourrions pas être transférés directement vers la station Princesse Elisabeth. L’avion qui devait nous emmener n’était pas disponible, étant bloqué dans une autre station.
Arrivés à Novo, les prévisions météos étaient mauvaises pour les jours suivants. Nous devions donc nous préparer à patienter plusieurs jours dans des containers, pratiquement sans moyen de communication et sans information précise sur la date de notre vol.
Nous n’étions bien sûr pas les seuls dans cette situation. Certains scientifiques patientaient déjà depuis une semaine lorsque nous sommes arrivés et ne savaient toujours pas quand ils pourraient rejoindre leur destination finale.
Il n’y a pas beaucoup d’activités possibles à Novo, pas de bar ou d’endroit agréable pour discuter. Attendre ici est une bonne occasion de récupérer le sommeil en retard et de finaliser quelques éléments en préparation de la campagne sur le terrain, les derniers jours en Belgique ayant été bien occupés.
Les jours sont organisés autour de trois événements importants : 8h30 pour le déjeuner, 13h30 pour le diner, 19h30 pour le souper. Nous disposons de 30 minutes dans la salle où les repas sont servis avant que le cuisinier ne nous informe qu’il est temps de partir.

La base de Novo avec les containers où les repas sont servis et où les passagers en transit peuvent attendre leur connexion.
Nous ne sommes pas supposés quitter la zone de la base car il pourrait y avoir des crevasses dangereuses dans les environs. Pas de longues promenades ou de randonnées sur la glace donc, mais des balades agréables ou nous pouvons admirer en toute quiétude les changements de couleur de la glace avec la lumière.
Heureusement pour nous, les conditions seront normalement meilleures demain et nous devrions arriver à la station Princesse Elisabeth samedi, plus d’une semaine après avoir quitté la Belgique !
Bonne attente. Le skiway de Novo n’a pas bonne réputation. C’est l’une de base qui a la pire réputation de tout le continent.