par Hugues Goosse

L’Antarctique et l’océan Austral sont parmi les endroits les plus reculés de la planète. En raison de leur beauté et de leurs mystères, ils ont depuis leur découverte suscité l’attention des explorateurs, des scientifiques et du grand public.

La recherche scientifique en Antarctique a été initialement motivée par l’amélioration de notre connaissance des régions polaires et par la protection de cet environnement vierge, patrimoine de l’humanité. Cependant, il a été rapidement établi que les hautes latitudes de l’hémisphère sud ont un impact global sur le système terrestre.

L’effet le plus direct est probablement sur le niveau de la mer. Si toute la calotte glaciaire antarctique fondait, le niveau de la mer augmenterait de près de 60 mètres. Un tel événement dramatique n’est pas attendu dans un proche avenir. Néanmoins, une réduction de la masse de glace stockée en Antarctique pourrait déjà entraîner une élévation du niveau de la mer de plusieurs mètres au cours des prochains siècles.

En raison de son volume important et de sa dynamique unique, l’océan Austral est un énorme réservoir qui réduit l’impact sur le climat des perturbations induites par l’homme. En particulier, l’océan Austral emmagasine une grande quantité de chaleur, jouant ainsi le rôle de système de climatisation qui tend à amortir le réchauffement planétaire à la surface.

L’océan Austral est également la zone océanique qui absorbe le plus de CO2 anthropique. En éliminant de l’atmosphère une partie du CO2 émis par les activités humaines, il réduit la concentration atmosphérique et modère ainsi l’amplification de l’effet de serre.

Enfin, l’Antarctique fournit des archives permettant de reconstruire les changements climatiques passés, tels que ceux enregistrés dans les carottes de glace. Ces enregistrements sont essentiels pour comprendre la dynamique climatique et ainsi mieux prévoir les changements futurs.